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Philibert, oublia le piteux résultat de son équipée pour devenir orgueilleux de l’avoir tentée. Il se campa sur ses hanches, redressa la tête pour revoir l’Y sur lequel il s’était si victorieusement juché, et reçut en riant ce compliment inattendu.

Philibert toucha son père au bras et lui glissa ces mots dans l’oreille :

« Si vous encouragez la hardiesse de Paul, comment viendrons-nous à bout de la dompter ? Il nous faudra donc craindre pour lui à toutes les heures du jour ?

— Mais que dis-tu donc là ? lui répondit tout haut Claude Chardet. Tu parles comme si ces enfants devaient rester avec nous. Pour combien de temps êtes-vous à Uchizy ? Le sais-tu, Paul ?

— Mon oncle Thonnins a dit qu’il viendrait nous reprendre dans une quinzaine de jours, dit le petit garçon.

— Ah ! que c’est court !

— Peut-être, dit Philibert à son père, trouverions-nous moyen d’allonger l’échéance si vous consentiez à… »

Un air de danse joué par deux cornets à piston juste à l’entrée de la grande porte coupa le reste de l’explication. La troupe de vignerons s’avança vers le maître des Ravières qui dit à haute voix, dès que la sonnerie des deux pistons se fût tue :

« Allons, mes hommes, entrez vitement ; nous allons arroser le bouquet du logis neuf et y planter la crémaillère. C’est grande fête ce soir, et cela ne me fâchera pas d’entendre la musique. »

L’installation de la salle se ressentait de la hâte avec laquelle on l’avait opérée. Cette pièce, destinée, dans le plan primitif, à être la salle à manger des grands jours qui réunissent dans les riches familles villageoises un nombre considérable de convives, n’aurait été de nul emploi jusque-là