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enfants sont plus remuants et plus étourdis que les grandes personnes. Paul a bien assez d’une bosse au front.

— Paul ! dit Claude Chardet en tressaillant.

— Grand-père ! grand-père ! crièrent à la fois Paul et Alice. C’est moi qui l’embrasserai le premier.

— Non, c’est moi ! »

Claude Chardet mit les deux enfants d’accord en les prenant l’un et l’autre dans ses bras. Ce fut un moment d’une confusion délicieuse. Le grand-père ne comprenait pas comment ses petits-fils étaient à Uchizy ; il s’interrompait de les embrasser pour questionner à ce sujet Philibert. Celui-ci n’avait pas le temps de répondre, car Alice s’accusait tout haut d’avoir oublié son bouquet de fête, et Paul, qui craignait d’être grondé pour son équipée de début, se hâtait de dire en même temps :

Grand-père, ce n’est rien du tout, ce que j’ai là au front. »

Loin d’être rassuré par cette assertion, Claude Chardet leva le bandeau du petit blessé, et, avant toute explication, il voulut savoir celle de l’accident. Paul le lui conta et n’oublia pas en terminant de spécifier que l’oncle Philibert lui avait fait comprendre sa sottise, car il ne se souciait pas d’essuyer une seconde semonce, bien qu’il la sentît méritée ; mais le grand-père était si heureux d’être entouré de ses petits-enfants, dont le matin encore il pleurait l’éloignement, qu’il ne songea pas du tout à morigéner Paul. Tout au contraire, il mesura de l’œil les colonnes du logis vieux et il lui dit :

« Tu as monté jusque-là, toi ? Tu es un gaillard, sais-tu ? solide, nerveux, un vrai Chardet ! »

Et le petit garçon, qui avait été si confus devant les larmes de tante Catherine, devant les doux reproches de l’oncle