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sur des montants de bois, ne devait pas céder sous lui ; mais, plus que jamais inquiète, tante Catherine lui cria de ne point tenter l’aventure.

Il était trop tard. Paul avait saisi la corde avec la dextérité d’un mousse. Il la tenait dans ses deux mains et entre ses jambes croisées ; à six pieds sous lui le panier à fromages pirouettait comme une toupie. Tout à coup, Alice, qui avait caché sa figure pour ne pas voir son frère ainsi exposé, entendit le bruit d’une chute et d’un grand cri, et elle se précipita, ainsi que sa tante, vers le logis vieux au seuil duquel elles relevèrent Paul tout ensanglanté et faisant une piteuse mine.

La catastrophe, prompte comme l’éclair, n’avait pas été causée par un faux calcul du gymnaste. La corde et le panier n’eussent pas cédé ; mais le nœud qui fixait la corde à un clou sur la galerie, de façon à guinder en l’air le panier à l’abri des convoitises des chats, n’avait pas été solidement fixé. Cette simple boucle s’était défaite sous la pression du poids inusité de la corde, et le panier avait heureusement servi de parachute à l’enfant qui en était quitte pour une entaille au front et une éraflure à l’oreille.

Il souffrait ; mais, comme il sentait ses torts et qu’il était d’ailleurs un courageux petit garçon, pendant que sa tante le pansait, il balbutiait en claquant des dents :

Quelle vilaine figure pour embrasser grand’père ce soir ! »

Mme Chardet n’avait plus le cœur de gronder son neveu, déjà puni de sa sottise ; mais elle se disait que, si la vivacité de Paul devait causer souvent des accidents aussi graves, le projet que son mari caressait d’élever lui-même ces deux enfants serait bien difficile à réaliser.