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à l’un des montants de l’Y, mais très fier de son agilité de gymnaste, car il répondit par un éclat de rire au cri d’Alice et aux supplications alarmées de sa tante, qui cherchait les moyens de le faire descendre sans danger de son perchoir.

« On va poser là une échelle, et nous la tiendrons solidement, lui dit-elle ; d’ici là ne bouge pas. Surtout ne te risque pas à descendre le long du poteau comme tu es monté ; tu as grimpé à la force du poignet ; mais ce n’est pas si commode de se retenir. Tu n’aurais qu’à glisser trop vite ! Tu t’abimerais la figure sur les dalles. Attends, attends. Pour plus de précaution, je vais faire jeter à terre des bottes de paille.

Ce n’était point par faiblesse de caractère que Mme Chardet ne grondait pas son neveu de son imprudence, mais pour ne pas lui faire perdre la tête pendant qu’il courait un danger. Paul ne sentit pas cette délicatesse ; il n’aperçut que les alarmes éprouvées pour son compte, ce qui stimula son amour-propre.

« Ma tante, cria-t-il, je suis assis comme sur une chaise. Ne vous troublez pas. Ceci est un exercice de gymnase. J’en ai fait bien d’autres. Pas d’échelle, je n’en ai pas besoin. Mais je ne descendrai pas le long de ce poteau ; il est en vieux bois ; on s’y écorche les mains. Regardez, vous allez voir un joli tour. Je vais empoigner cette corde qui suspend en l’air le panier à fromage, et, de là, je sauterai sur la galerie du premier étage. »

Selon les habitudes du Mâconnais, un grand panier à sécher les fromages était suspendu en l’air par une corde jouant sur une roulette assujettie au toit, et maintenue sur la galerie par un nœud fixé à un clou. La corde à portée de la main de Paul était assez forte pour supporter le poids du jeune garçon. Le panier lui-même, clayonné de fort osier