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« C’est, lui dit-elle, que tu as offert à la Grise un fruit entamé. Les chèvres sont de tous les animaux les plus délicats ; elles ne mangent après personne, pas même après une petite fille saine comme tu l’es.

— Mais voyez donc la dégoûtée ! dit Alice en riant de sa propre frayeur. Le fait est qu’elle a tordu son nez et fait une laide grimace.

— Votre paix sera bientôt conclue, si tu veux, » répondit Mme Chardet en montrant sa poche aux pommes.

Si la Grise avait des répugnances de petite maîtresse, son caractère n’était pas rancunier, car, lorsqu’elle eut croqué trois fruits, elle se laissa caresser par Alice, qui put passer les mains sur son rude pelage et même jouer avec ses oreilles et tâter la pointe de ses cornes.

« Je voudrais que Paul pût me voir, disait la petite fille au moment où la mère Billot entra dans l’étable et vint consulter Mme Chardet sur un cas embarrassant.

Maître Philibert est descendu au quartier du château, lui dit-elle, et je ne sais comment dire au jeune monsieur qu’il n’y a que les chats d’assez adroits pour grimper aux gouttières. J’ai peur qu’il se fasse du mal ; mais vous savez, maîtresse, je n’ose commander à ce jeune monde de la ville. »

Mme Chardet sortit précipitamment dans la cour, suivie d’Alice qui ne put retenir un cri en apercevant son frère juché dans l’angle d’un Y terminant un poteau du logis vieux.

Depuis son départ de Lyon, Paul avait prémédité cet exploit, et il avait saisi, pour l’entreprendre, le premier moment de liberté que lui avait donné la sortie de son oncle. Dans cette situation, il était presque au niveau du toit à vingt-cinq pieds du sol, peu commodément assis, se tenant d’une main