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mouton mécanique qui faisait bè, bè, quand on lui pliait le cou, et qui était tout frisé et bien blanc ; alors elle se figure qu’elle trouvera aux Ravières un agneau bien élevé, très propre, qui se laissera mettre un collier rose et un pompon… vous savez, mon oncle… comme ceux des jouets, entre les deux oreilles, et un autre pompon sur la queue. Et puis, toujours dans ses idées, il y aura une chèvre et de petits chevreaux qui la suivront comme de petits chiens. La chèvre, c’est possible que tu la trouves, Alice, mais tu sais ce que je t’ai dit : Gare aux coups de corne ! »

Alice se mit à rire.

« C’est bien fait pour moi, dit-elle à l’oncle Philibert. Je me suis moquée de lui et il me le rend. Si les chèvres sont méchantes, si les moutons sont sales, je n’irai pas à l’étable, voilà tout. Mais ce qui me plaît le mieux dans mon voyage, c’est que je verrai grand-père, tante Catherine, et vous, mon oncle. »

Philibert Chardet embrassa l’aimable petite fille, et bientôt le clocher carré d’Uchizy apparut au milieu des groupes épars de maisons grises ou blanches.

« Reconnais-tu d’ici les Ravières ? demanda l’oncle à son neveu.

— Ah ! je ne suis pas venu à Uchizy depuis deux ans, et j’avais l’âge d’Alice. J’étais si petit alors, répondit Paul.

— Tiens ! c’est ce grand toit couvert à neuf de tuiles rouges avec ces toits gris plus bas à gauche et à droite, là-haut, au-dessus de l’église, reprit Philibert Chardet en désignant la maison du manche de son fouet. Le grand-père est de l’autre côté de ce coteau qu’on appelle la montagne des Glaçons, quoique ce ne soit pas une montagne et qu’il n’y gèle guère plus fort qu’à Uchizy par les rudes temps d’hiver. S’il savait que vous êtes si près, il quitterait vite la vigne qu’il plante pour venir vous embrasser plus tôt.