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les coins de chaque carré de ce vilain jardin fleuris de roses, de seringas, de giroflées et d’iris ; c’est là le garde-manger de nos abeilles ; aussi ne regrettons-nous point la place que ces plantes dérobent aux légumes ; mais, en cette saison, et à défaut de roses, Alice trouvera dans les bordures assez de primevères et de violettes pour composer deux petits bouquets. »

La glace était rompue ; pendant le trajet de Tournus à Uchizy, la causerie ne tarit pas un instant. Paul ayant la fantaisie de conduire la voiture, son oncle, qui connaissait la docilité de Noiraud, confia les rênes au jeune garçon au moindre soupçon de montée ; alors le char à bancs allait au pas, et Paul, fier de tenir le fouet en main, contait à son oncle le programme de plaisirs champêtres qu’il s’était tracé.

« Je vais m’en donner de sauter, de courir et de monter à cheval, disait-il ; j’ai fait de la gymnastique. Je parie que je saurai grimper au haut des colonnes en bois de la vieille maison. J’irai aux foires avec grand-père, et aussi aux champs avec lui pour surveiller les travaux ; j’ai tout un fourniment de pêche pour pêcher dans la Saône. Alice a promis de manger tout le poisson que j’attraperai.

— Je ne risque pas d’indigestion ! s’écria la petite fille qui était parfois taquine, mais par gaieté d’esprit et non par malice.

— Enfin, mon oncle, reprit Paul, je veux faire le diable à quatre avant de retourner à ma pension de Lyon.

— Et toi, Alice, dit Philibert Chardet, quels projets as-tu formés pour ton séjour à Uchizy ?

— Ah ! dit Paul, pour rendre à sa sœur la raillerie qui avait mortifié son petit amour-propre, Alice arrive avec de drôles d’idées. L’année dernière, elle jouait encore avec un