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l’avenue, admirant l’air posé d’Alice, les grosses boucles de ses cheveux rejetés en arrière et nouées d’un ruban gris perle, ses longs cils abaissés sur ses yeux et la moue attristée de sa petite bouche entr’ouverte.

Enfin, le regard ému de l’oncle Philibert rencontra l’œil noir de Paul, et le petit garçon, instinctivement rassuré, dit à son oncle :

« Est-ce que nous partons tout de suite

— Oui, le char à bancs doit être attelé et vos malles pour Uchizy ? chargées dessus. Le grand-père et tante Catherine vont être bien contents de vous voir.

— Et pourquoi n’est-il pas venu nous chercher à Tournus, mon grand-père ?

— Il était occupé dehors pour la journée. Personne à la maison ne sait votre arrivée. Mon père ne rentrera qu’à la nuit.

— Oh ! alors, s’écria Paul, il faudra nous cacher et tout à coup venir lui sauter au cou. Il sera si surpris !

— Oui, dit Alice, et nous lui offrirons des bouquets comme pour une fête. Ce sera très joli.

— Et où prendras-tu des fleurs ? lui demanda Paul en haussant les épaules. Tu ne te souviens plus du jardin des Ravières ; il n’y a que des choux et de l’oseille. Ce n’est pas un parterre comme ceux que tu as vus à Lyon. »

Pour la première fois de sa vie, Philibert Chardet pensa que le jardin des Ravières était, en effet, trop dénué de toute culture d’agrément, et, lui qui n’osait faire remuer une pierre ou un clou sans l’autorisation de son père, il se promit de tenter une réforme horticole dans l’enclos ; mais l’assertion de Paul était trop absolue, et il la combattit en lui répondant doucement :

« Si nous étions au mois de juin, mon cher Paul, tu verrais