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« La gare était-elle loin du village, et dans ce cas trouverait-il des omnibus ?

— La gare est à deux kilomètres d’Uchizy, répondit l’oncle Philibert au moment où il se rapprochait de ses deux élèves. Si la course est trop longue pour vous, je me ferai un plaisir de vous offrir une place dans ma voiture, qui viendra au-devant de moi. »

L’entrée en connaissance étant faite par cette politesse, l’étranger monta dans la même voiture que les Chizerots, et la causerie commença par les généralités en usage entre personnes étrangères les unes aux autres. L’Anglais, qui s’exprimait avec la plus grande facilité en français et sans nul accent, paraissait préoccupé, indécis. Il finit cependant par vaincre une hésitation qui coupait ses phrases à toute minute, pour dire à l’oncle Philibert :

« Pousserez-vous l’obligeance, monsieur, jusqu’à me dire si j’ai chance de trouver à Uchizy la famille Chardet des Ravières ? Est-elle restée dans ses foyers pendant cette guerre qui les a menacés de si près ?

— Oui, monsieur, répondit maître Philibert, et le hasard vous sert à merveille : je suis le fils de Claude Chardet. » L’étranger tressaillit, regarda tour à tour Paul et Vittorio avec une angoisse extraordinaire et reprit en balbutiant :

« Et ces jeunes gens, dont le costume militaire prouve qu’ils ont fait leur devoir envers leur pays, sont-ils tous deux vos fils ?

— Tous les deux mes enfants, » reprit Philibert Chardet en mettant la main sur l’épaule de Vittorio par un geste paternel.

L’étranger soupira, s’agita dans son coin.

« Puisque le hasard m’a fait vous rencontrer, monsieur, dit-il, je n’attendrai pas d’être à Uchizy pour vous prier de