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descendant à Lyon, et recommandait aux enfants, en les quittant, d’être bien sages et de mériter qu’on le félicitât de leur bonne conduite à son retour. Alice et Paul répondirent par de gros baisers et par des rires confiants à ce petit sermon ; mais leur gaieté disparut, pour faire place à une sorte de timidité, dès qu’ils se trouvèrent seuls avec l’oncle Philibert. Ils le connaissaient peu, ne l’ayant guère vu que par échappées, et la physionomie de Philibert Chardet n’était pas de celles qui attirent invinciblement, par leur amabilité, les sympathies enfantines.

C’était cependant un cœur d’or que le jeune maître des Ravières. Sa sensibilité était exquise, mais bien des gens, dont l’aveuglement à cet égard n’avait point pour excuse l’inexpérience du jeune âge, le croyaient égoïste et indifférent lorsqu’il n’était que distrait et timide. Ces deux caractères se lisaient dans le regard un peu vague de ses yeux bleu clair, dans sa façon de tenir sa tête penchée. Insouciant aux détails de toilette, s’il était moins embarrassé que son père dans le costume de citadin, il portait souvent assez mal arrêté le nœud de sa cravate, et son habit avait parfois mauvaise grâce sur son corps maigre, dont la démarche était gênée par une légère claudication.

À Uchizy, où personne n’était son égal en savoir, il ne pouvait échanger d’idées avec qui que ce fût ; aussi avait-il pris une telle habitude de silence qu’il ne sut d’abord comment entamer la conversation avec ses neveux. Son cœur débordait de joie cependant pendant qu’il tenait de chacune de ses mains ces beaux enfants, blonds et roses.

D’eux trois, assurément, c’était l’oncle Philibert qui se sentait le plus embarrassé ; il les regardait l’un après l’autre en cheminant vers l’hôtel, maintenant avec un peu d’effort Paul qui chassait devant lui en sautillant les cailloux de