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que ce mariage soit mon œuvre, j’y tiens. Puisque tu sais payer tes dettes de reconnaissance, tu dois trouver bon que j’acquitte aussi la mienne. Sans toi, je serais mort comme un chien, perdu dans ce fossé, où une bousculade d’artillerie m’avait jeté. Vraiment nous te devons bien le bonheur pour celui que tu nous as donné, à nous.

Je n’ai pas de nom à offrir à ta sœur, » disait Vittorio avec mélancolie.

C’était là le principal entretien des deux amis ; les lettres qui venaient d’Uchizy ne traitaient jamais ce point délicat ; ils s’étonnaient presque de n’en avoir pas reçu depuis longtemps, lorsque, un matin, leur vieille hôtesse entra chez eux et remit un pli au jeune lieutenant en lui disant :

« Vous allez être content, lieutenant Demaisy, voici pour vous une lettre de France.

Demaisy ! dit Vittorio, ce n’est pas pour moi.

Ah ! pardon, monsieur, puisqu’il y a votre autre nom, Vittorio. »

Le lieutenant ne put douter que la lettre fût pour lui, en reconnaissant que l’adresse était de la main de l’oncle Philibert. Ce fut le cœur battant qu’il la lut à Paul :

« Mon cher Vittorio, écrivait l’oncle Philibert à son ancien élève, je remets au temps où nous serons réunis de te dire tout ce que j’ai souffert de cœur et d’esprit pendant la funeste période que notre pauvre pays vient de traverser. Je fais trêve pour le moment à ces préoccupations pour venir te remercier, au nom de ma famille, qui est aussi la tienne, de ton dévouement pour notre cher Paul, et pour t’apprendre le mystère que t’a fait entrevoir la suscription de cette lettre. Si tu l’as décachetée sans en regarder l’adresse, interromps ici ta lecture et vois quel nom elle t’attribue. Ce nom est le