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jeux des enfants, et, dès qu’ils furent seuls dans la salle à manger, le docteur Thonnins put expliquer à Philibert Chardet, mieux qu’il ne l’avait fait jusqu’alors, les raisons du rendez-vous auquel il l’avait convié si subitement.

« Je n’ai pas pu vous les donner toutes devant ces chers enfants, lui dit-il, car je voulais leur laisser toute la joie de leur mais voici les tristes motifs qui me font vous voyage ; les amener avant les vacances et si inopinément. Ma femme relève à peine d’une grave maladie de poitrine, et les malheurs survenus dans notre famille, l’année dernière, me rendent si craintif que j’ai accepté l’offre d’un de mes parents, établi à Blidah, qui m’a proposé de la recevoir chez lui aussi longtemps que sa santé aura besoin de soleil. Nos deux fils sont de grands lycéens qui sortiront chez nos amis pendant notre absence ; mais Paul ne pouvait être soumis au même régime sans la permission de son grand-père. Quant à sa sœur, comme elle n’avait pas encore quitté notre maison, où elle recevait les leçons nécessaires, il n’y aurait eu pour nous d’autre alternative que de l’emmener en Algérie. »

Philibert Chardet se récria par une vive exclamation.

« … Ou de la conduire à Uchizy, continua le docteur. J’ai donc pris le parti de ne pas séparer ces enfants et de vous les confier pendant mon absence, qui ne sera pas longue, car je ne puis abandonner ma clientèle. Je reviendrai à Lyon dès que j’aurai installé ma chère convalescente à Blidah ; alors nous déciderons, en petit conseil de famille, de la meilleure direction à donner à l’éducation de Paul et d’Alice.

— Oui, nous déciderons cela, » répéta Philibert Chardet, qui couvait des yeux son neveu et sa nièce, formant à part lui un projet dont il se garda bien d’instruire le docteur Thonnins.

Une heure après, le docteur repartait par le premier train