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reux d’ailleurs qu’une ménagère vint tenir aux Ravières la maison nette et claire, comme l’avait su faire sa femme, morte l’année précédente.

Selon l’habitude en pareil cas, la Jeanne-Marie et le Bénicheux allaient être gagés à l’année chez le père de celui-ci, qu’on soupçonnait de placer ses économies chez son maître, vu qu’il n’achetait point de terre et ne parlait jamais de ses profits.

C’était là un joli mariage pour la fille du sabotier ; mais, en l’état de gêne et de tristesse où était la maison de son père, les noces n’eussent pas été brillantes, si le maître des Ravières n’avait fait aux deux familles la faveur de s’en charger. Comme Alice avait désiré être demoiselle d’honneur, afin de faire un beau cadeau au jeune ménage, il avait été convenu qu’on lui donnerait son frère pour chevalier. Cela pour éviter qu’elle endurât pendant toute la fête la compagnie d’un jeune homme peu en rapport avec elle par son éducation et son langage, car, à Uchizy, les gens invités à une noce vont par couples, liés si intimement par l’usage qu’ils ne doivent pas se séparer pour danser avec d’autres, sauf le cas d’un consentement mutuel. Encore doit-il être donné à de rares intervalles ; dans le cas contraire, un chevalier serait taxé d’impolitesse envers sa chevalière, et celle-ci de dédain à l’égard de son chevalier.

Vittorio se trouvant à Uchizy tout à point pour ces noces, Paul se fit un plaisir de céder à son ami un droit que celui-ci n’aurait certes pas osé réclamer. Il prit lui-même pour chevalière la sœur cadette de la mariée, une brunette de quinze ans, mutine, espiègle, dansant mieux que pas une, ce qui n’est pas un petit éloge à Uchizy.

On y est, en effet, si passionné pour la danse, que ce serait faire insulte à la jeunesse non invitée à une noce que d’en