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fortune. Voilà comment il se fait, mon parrain, que je suis assez riche pour n’avoir qu’à vous remercier de vos bonnes intentions, sans les accepter.

— Ah ! je te reconnais bien là, orgueilleux ! s’écria Claude Chardet en tapotant l’épaule du jeune homme. N’importe, je suis content que tu aies eu assez d’ordre pour mettre de l’argent de côté… Te voilà donc en mesure de te libérer du service militaire. Voyons ! que comptes-tu faire après le tirage ?

— Mais faire un petit tour en Suisse et dans le nord de l’Italie, pour tâcher de retrouver mon village natal ; vous savez, mon parrain, que c’est mon idée fixe. Je voudrais pouvoir porter le nom que mes parents m’ont laissé. Ensuite, je retournerai à Paris, où mon patron est assez bon pour me faire une situation inespérée à mon âge.

— Bon ! Mais de quoi je me plains, c’est que tous ces beaux projets t’éloignent d’ici. Écoute, mon filleul, et tâche de me comprendre, car les jeunes ne sont guère aptes à se plier aux idées des vieux : Voilà Paul dont l’intention est de voyager. Il veut aller en Océanie, en Sénégambie, que sais-je ? Il partirait pour la lune si l’on avait trouvé le moyen d’y parvenir. Voici Alice qui se mariera un jour ou l’autre. Le docteur Thonnins, chaque fois qu’il vient, me compte sur ses doigts les beaux partis qu’il veut lui présenter. Je resterai donc seul ici avec Philibert et sa famille. Nous allons être bien tristes tous les trois. Eh bien ! cela me fâche qu’un bon garçon de filleul, qui pourrait désennuyer mes vieux jours, s’en aille au loin sans songer que, sur trois enfants, je mérite peut-être qu’il m’en reste un… Attends, ne m’interromps pas… laisse-moi parler. Tu penses en toi-même sans doute que les vieux sont des égoïstes et que je veux sacrifier ton avenir au contentement de mes dernières années ? Point du tout. Je ne