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lui valurent une médaille d’or et un traité profitable avec l’ingénieur-mécanicien de Paris, qui se chargeait de vulgariser ces inventions et d’en tirer parti.

Pendant que Vittorio remplissait son office de gardien, il n’était guère astreint à demeurer auprès de ses instruments aratoires ; tout le personnel des Ravières était à Tournus, et, jusqu’aux moindres serviteurs, chacun se faisait une fête d’écouter les louanges données par les vignerons à ces modèles nouveaux.

Il eut donc la liberté de se promener tout le long du cours où les parcs avaient été aménagés et étaient suivis d’une collection de machines propres à l’agriculture. La plupart d’entre elles étaient mues, à l’aide des transmissions, par une énorme machine à vapeur, soufflant, criant parfois comme une locomotive gigantesque, lorsque le chauffeur, levant la soupape, livrait passage à un flot de fumée qui montait en panaches gris, déchirés, cardés par l’armature à peine feuillée des arbres.

Ce fut devant cette machine que Vittorio tomba en admiration. Il examina les tours rapides de la grande roue, le balancement du régulateur ; il regarda flamboyer la bouche du foyer dans laquelle le chauffeur lançait des pelletées de charbon de terre vite dévorées. Puis, il se rejeta en arrière, et un coup d’œil d’ensemble lui permit d’apercevoir la transmission, de ses longues bandes de cuir tendues, faisant mouvoir les batteuses, les moissonneuses, les faucheuses et tous ces engins nouvellement inventés pour épargner dans les campagnes la fatigue des bras humains, faisant en une heure le travail de vingt journées de cultivateurs.

« Il n’y aurait plus d’hommes-machines, se dit Vittorio, le jour où les machines feraient le rude ouvrage qui ôte le temps de penser. Quel bel état que celui qui combine, sous l’action