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Il avait à peine fini que vingt voix s’élevèrent dans l’étable pour lui dire :

« Encore, notre monsieur, encore ! c’est meilleur à savoir que des balivernes pour rire ou des histoires de l’autre monde. Que c’est donc beau de n’ignorer de rien !

— Que voulez-vous que je vous conte ?

— Tout ce que vous voudrez, notre maître, sur notre pays, sur l’histoire du temps passé, sur les anciennes guerres, enfin tout ce qu’apprennent ces jeunes messieurs et qui les fait savants, répondit le teilleur de chanvre tout le premier. Il nous restera toujours un peu dans nos têtes, si dures qu’elles soient, de ce qui nous entrera par les oreilles.

— Très volontiers, » répondit Philibert Chardet, qui fut ainsi conduit à faire chaque soir une sorte de conférence aux veilleurs. Il s’adjoignit ses deux élèves comme collaborateurs, et la nécessité de parler tour à tour à ces braves gens élucida dans la tête de Paul et de Vittorio les connaissances qu’ils acquéraient, en même temps que ces veillées furent profitables à l’instruction, au plaisir des voisins du domaine.

Ce fut au printemps suivant et à l’occasion du comice agricole de Tournus que Vittorio sentit bien déterminée sa vocation pour la mécanique. Il avait demandé d’y être le gardien du pressoir de l’oncle Philibert, et des autres instruments agricoles qu’il y avait exposés. Le Bénicheux, qui grandissait, en profitant par échappées des leçons du maître des Ravières, y gardait pour sa part les trois belles vaches de race charolaise que Claude Chardet envoyait au concours, et le lot de coqs et poules bressanes et de pigeons paons et romains qui provenaient de la basse-cour modèle de tante Catherine.

Tous ces produits furent primés, au grand honneur du domaine. De plus, les instruments aratoires de l’oncle Philibert