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académicien plus tard, je me vouerai aux sciences naturelles, pour le seul plaisir que je trouve à m’en occuper.

— Et toi, ma chère Alice, nous feras-tu aussi le de ton avenir ? demanda le docteur Thonnins à sa nièce, qui répondit avec un peu de malice et beaucoup de sensibilité :

— Oh ! mon programme est bien simple. Je broderai l’habit de Paul, car je sais que les académiciens sont brodés, et je resterai près de grand-père pendant que les garçons courront le monde. L’ouvrier et l’académicien viendront nous programme voir de temps en temps, j’espère. En leur absence, je parlerai d’eux aux gens des Ravières. »

Ce n’était pas sans peine que le docteur Thonnins avait obtenu de la modestie de l’oncle Philibert la communication des travaux scientifiques poursuivis par celui-ci dans le calme de sa vie campagnarde dont ils faisaient le charme. Il s’était, en effet, offert à lui ouvrir les voies de la publicité en l’introduisant à titre de collaborateur dans la Revue lyonnaise, une des meilleures publications provinciales, ensuite en le mettant en rapport avec un éditeur parisien dont la spécialité était justement les ouvrages d’histoire naturelle. Philibert Chardet avait hésité à accepter cette offre cordiale ; mais, sur les instances du docteur, qu’avaient émerveillé l’ingéniosité de vues, la patience d’observations des quelques fragments soumis à sa critique, il venait en effet de lui confier une étude complète sur les insectes aquatiques, lorsque Claude Chardet survint et prit part vivement à la causerie en déclarant tout net que jamais le nom des Chardet n’avait paru dans les gazettes et qu’il ne souffrirait pas qu’on l’y mit.

« Honneur tant que vous voudrez, dit-il au docteur, qui alléguait en vain la réputation que son fils acquerrait ainsi, c’est un honneur dont tous les Chardet se sont passés. La réputation qui leur convient, c’est d’être salués d’un coup de