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— Tant que cela ? fit le docteur.

— Oui. Comptez un peu : sabotier, étameur, vannier…

— On n’y devient pas millionnaire, interrompit en riant le docteur Thonnins.

— Vous avez rompu le fil de ma série, mon oncle, continua Paul, je ne retrouve plus les vingt-neuf autres métiers de Vittorio. Mais il deviendra tout ce qu’il voudra être, parce qu’il a de la volonté. À son exemple, cette vertu commence à me venir ; mais j’ai un avantage sur lui, je sais ce que je veux être.

— Et quoi donc ? demandèrent en même temps ses deux oncles, car c’était la première fois que le jeune garçon avait une idée d’avenir.

— Moi ! répondit Paul avec un accent de ferme conviction, je serai académicien.

— Rien que cela ?

— Et pourquoi pas ? Tous les livres sur l’histoire naturelle sont faits par des académiciens. Mon oncle le sera avant moi, c’est sur ; mais je viendrai après, parce que je travaillerai avec lui, et je ferai aussi des ouvrages à moi tout seul. J’ai déjà écrit onze pages d’observations sur la Chrysis dorée (Chrysis ignita). »

Le docteur Thonnins reprit avec une gravité admirable :

« Ah ! vraiment ; est-ce que tu ne songes pas à me les offrir pour que je les porte à la Revue lyonnaise à laquelle je vais présenter un travail de ton oncle Philibert sur les insectes aquatiques ? »

Cette demande fit sentir à Paul le ridicule enfantin de sa prétention ; il éclata de rire, ce qui permit à tout le monde d’en faire autant, et il répondit au docteur :

« Vous vous moquez de moi. Je sais bien que je suis un petit bonhomme encore ignorant. Mais que je sois ou non