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Or, Claude Chardet avait craint que l’affection de Philibert pour son élève portât son fils à exagérer ce legs, au détriment de l’héritage dû à ses neveux.

Ces calculs peuvent être taxés de petitesse ; mais il ne faut pas oublier que c’est grâce à cette prudence méticuleuse que se constituent les fortunes territoriales des cultivateurs aisés. Certes, Claude Chardet entendait si peu esquiver ses devoirs de parrainage, il les acceptait même si largement que, avant la cérémonie, bien alla chez son notaire de Tournus ajouter à son testament un codicille par lequel il léguait la somme de 10,000 francs à son filleul Philibert Vittorio.

La constitution de l’état civil avait fait à l’enfant sans famille un nom de son ancien prénom, et toute cette affaire d’adoption et de parrainage tourna au grand honneur et même au profit de la famille Chardet, car, lorsque le docteur Thonnins vint chercher Alice et Paul à la fin d’octobre pour les ramener, l’un au collège, l’autre en pension à Lyon, ainsi qu’il avait été convenu, il n’eut pas de bon argument à opposer au désir qu’avaient les gens des Ravières de garder les deux enfants.

« Certes, dit-il, Paul n’aurait pas autant travaillé au lycée ; Alice en a appris plus qu’elle n’eût pu le faire en pension, et, puisque Mm Chardet est là pour lui montrer ces ouvrages de femme que la plus sérieuse éducation ne doit pas faire négliger dans l’instruction d’une jeune fille, j’avoue qu’il me serait impossible de faire aussi bien. Je ne craignais qu’une chose, c’est que Paul s’ennuyât sans ami de son âge. Puisqu’il en a trouvé un qui, par une chance rare, peut lui servir de modèle, je ne vois qu’un perfectionnement à donner à l’œuvre que vous menez si bien, mon cher monsieur Philibert, ce sera de ne pas séparer ces jeunes gens, lorsqu’ils devront vous quitter, d’ici à deux ou trois ans, pour