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solidement dans ce temps-là. Les plats de ce livre ont un centimètre d’épaisseur.

— Vous vous amusez à des bagatelles, s’écria Alice en s’emparant de la Bible, et vous ne pensez plus à ce que nous avons à faire. Grand-père, prends-tu les douze premières ou les douze dernières de l’alphabet ?

— Les dernières, dit Claude Chardet, parce qu’il est dit justement dans ce livre : « Les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers.

— Oh ! ne t’y fie pas, grand-père ! » répondit Alice en bandant les yeux de Vittorio avec son mouchoir.

Puis elle ouvrit le livre par le milieu, à une page qui se trouva appartenir aux Psaumes de David ; Vittorio, tâtonnant de son doigt armé d’un crayon, piqua d’un trait léger la première lettre du verset suivant, qu’Alice lut tout haut :

« Votre esprit de bonté me conduira vers le sentier le plus droit, et pour la gloire de votre nom, Seigneur, vous me ferez vivre dans la justice. »

— Mon filleul, dit Claude Chardet à Vittorio en l’embrassant, voilà un verset de bon augure pour ton avenir. J’espère bien que tu vivras dans la justice, et je tâcherai de te montrer toujours le chemin le plus droit… Console-toi, Philibert, je donnerai ton nom à Vittorio, il le joindra à celui qu’il porte déjà, et ta femme Catherine sera ma commère. »

Le maître des Ravières était enchanté à plus d’un titre de cette faveur du sort, sa réelle affection pour Vittorio mise à part. Les devoirs du parrainage sont très étroits à Uchizy ; ils y ont gardé l’ancienne acception chrétienne d’une seconde paternité. On va demander à son parrain comme à son père des conseils pour le choix d’un état, pour son mariage, et il n’y a pas d’exemple qu’un parrain riche ait négligé dans son testament d’assigner des legs à ses filleuls, parfois nombreux.