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dre bien longtemps. Pétrus Courot, outre ses anciens motifs de haine contre le pupille de l’étameur, lui en voulait de lui avoir enlevé l’amitié de Paul Thonnins ; aussi il ne manquait jamais une occasion de l’invectiver lorsqu’ils se rencontraient dans les rues d’Uchizy. Sa plus douce plaisanterie était d’appeler Vittorio : « Monsieur je ne sais pas qui. » Quant aux injures plus graves, elles étaient si blessantes que Paul se jeta un jour sur Pétrus Courot pour le corriger d’importance. Vittorio, qui ne faisait que hausser les épaules à ces propos insultants, intervint vite et empêcha son ami de se commettre dans un combat à coups de poing ; mais, pour être dédaignée, une insulte n’est pas moins sensible, et Vittorio disait souvent à son ami :

« Tu vois comme c’est triste d’être seul au monde !

— Seul ! Et nous donc, est-ce que nous ne sommes pas de ta famille ! » répondait Paul.

Vittorio eut bien vite occasion de voir que ce n’était pas là un mot en l’air, mais tout à fait le sentiment des braves gens qui l’avaient adopté. Tante Catherine, qui était allée le présenter au curé d’Uchizy pour l’affaire de sa première communion, revint de cette visite toute préoccupée.

« Voici un embarras, dit-elle à son beau-père ; M. le curé a été fort satisfait de l’instruction religieuse de Vittorio ; mais, comme celui-ci n’a aucun papier, il devra être baptisé sous condition, la veille de sa première communion, car rien ne prouve qu’il le soit. Il parait que c’est une formalité indispensable.

— Il faudra baptiser ce grand garçon ? s’écria Alice. Oh ! quel bonheur, je pourrai être sa marraine !

— Et moi son parrain, naturellement, dit Paul.

Voilà des gens bien sérieux pour répondre de la conduite de leur filleul, repartit tante Catherine. Vous êtes tous