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contrée montagneuse. Vous voyez que nos recherches s’égarent dans un dédale d’où elles ne peuvent sortir sans l’aide d’un fil conducteur qui nous manque.

« Le nom de Vittorio semblerait indiquer pourtant le voisinage de l’Italie, si Jacques Sauviac n’avait eu l’innocente manie de rapporter de chacune de ses tournées des idées nouvelles qu’il incarnait, soit dans des sobriquets donnés par lui aux êtres et aux choses, soit jusque dans les noms qu’il choisissait pour ses filles ; la troisième, née après son retour de Picardie, s’appelle Machovie, et sa cinquième, baptisée à son retour d’Alsace, se nomme Odile, prénoms tout à fait inusités dans notre Auvergne.

« Loin de renoncer à tout espoir après cette première déconvenue, j’ai ouvert, parmi les anciens amis de Sauviac, une sorte d’enquête dont je vous envoie ci-joint le procès-verbal. Il ne contient rien de plus que les faits que j’ai résumés plus haut ; mais cette pièce pourra vous servir pour faire constituer l’état civil d’office à votre protégé. J’insère également sous ce pli une lettre que vous remettrez à mon digne collègue d’Uchizy, si vous le jugez à propos dans l’intérêt de Vittorio. J’y confirme le fait, facile à constater, de la bonne instruction religieuse dont jouit mon ancien petit élève. »

Le curé de Mozat finissait en louant M. Chardet de sa bonne œuvre ; mais le maître des Ravières resta peu satisfait de l’obscurité qui planait sur les premières années de son protégé.

« Il est pénible pour ce pauvre garçon, disait-il, de n’avoir qu’un nom de baptême ; dans la vie, il ne manquera pas de trouver de méchantes gens qui, ne sachant comment se venger de sa supériorité sur eux, lui reprocheront d’être sans famille. »

Vittorio, pour subir ce chagrin, n’eut pas besoin d’atten-