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« C’est cela, c’est bien cela, dit gaiement le maître des Ravières. Buvons à la santé du poète.

— Ah ! grand-père, dit malicieusement Alice, je croyais que vous n’aimiez pas les vers !

— Et ceux-là ne sont pas bons, ajouta l’oncle Philibert en riant. Si vous croyez que l’on jouit de toutes ses facultés quand on a été asphyxié à moitié.

— Je ne sais pas s’ils sont mauvais, reprit gaiement le maître des Ravières ; mais ce qui est vraiment bon et bien fait, c’est ton pressoir, Philibert. Il faut l’exposer au comice du printemps prochain. Voilà qui te fera honneur, vrai, et qui me flatte de voir que tu inventes des choses… des choses… Tiens, je ne me serais jamais douté de quoi tu es capable. »

L’arrivée du facteur rural, qui passe à Uchizy vers une heure, fit diversion.

« Fais donner à boire au piéton, dit Claude Chardet à sa belle-fille qui lui apportait une lettre ; il l’a bien gagné, car il m’apporte enfin la réponse du curé de Mozat. Je vois bien que Vittorio ne se croira ici tout à fait chez lui que lorsque nous en aurons fini avec toutes ces affaires-là. Voyons ce qu’il nous dit. »

Et le maître des Ravières alla s’enfermer avec son fils et tante Catherine pour lire cette lettre, qui était conçue en ces termes :

Monsieur,

« Si j’ai mis aussi longtemps à vous répondre, ce n’est ni par oubli ni par négligence. J’ai trop aimé le fils adoptif de Jacques Sauviac pour cesser de m’intéresser à lui, et j’apprécie trop la bonne action que vous accomplissez à son égard pour ne pas m’être empressé de remplir la mission dont votre confiance m’a honoré. Mais j’ai été obligé à bien