Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/227

Cette page n’a pas encore été corrigée

faire venir le charpentier, et enfin déballer, dès qu’il arriva, le lourd attirail du pressoir amené par une longue charrette, traînée par quatre chevaux, et conduite par son maître valet de Gigny.

« Je n’ai déjà pas trop de place pour ma vendange, dit-il à son fils en lui montrant les cours pleines de futailles vides superposées, les celliers où les grosses cuves s’arrondissaient ; que veux-tu bricoler par ici ? »

Il s’emporta tout à fait, lorsque l’oncle Philibert voulut lui démontrer la supériorité de son pressoir sur le système primitif de pressage dont on usait encore aux Ravières.

« Passe pour tes livres, pour tes inventions qui ne sortent pas de la salle d’étude, lui dit-il. Mais tout Uchizy vendange chez moi, et je ne veux pas qu’on puisse jaser sur cette machine qui ne sera pas capable de fonctionner seulement. Je ne me mêle pas de ton latin, laisse-moi faire mon vin selon l’ancienne coutume, qui est la seule bonne.

— Mais puisque le pressoir a fonctionné à Gigny ? dit doucement la tante Catherine. Voyez, mon père, vous faites de la peine à Philibert.

— Tiens ! c’est vrai, dit Claude Chardet, et aux enfants aussi, puisque c’est pour eux une fête que cette installation. Voilà Paul qui se rabote les doigts en menuisant, Vittorio qui plante des clous, et jusqu’à ma petite Alice qui tient la lanterne pour qu’on y voie clair dans ce coin du cellier. Bah ! Catherine, dites à Philibert qu’il pose ce fameux pressoir, puisqu’il en a la fantaisie, mais quant à le faire servir, non, je n’y consentirai pas. »