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vitalité de chaque pays. Il ne faut jamais le dédaigner, lors même qu’on ne sortirait pas, comme nous, d’une race campagnarde, et bien des gens qui le méprisent ne le valent pas en vigueur de sens, en honnêteté. Il y a bien longtemps qu’une grande dame, dont tu vas me dire le nom après ma citation, mon cher Paul, écrivait : « Il y a des âmes de paysan droites comme une ligne, et qui pratiquent la vertu comme naturellement les chevaux trottent. »

— C’est Mme de Sévigné, dit Paul. Mon oncle m’a déjà cité cette phrase, un jour où j’étais tombé dans le péché de moquerie. Allons ! c’est fait. Je ne serai plus railleur. ».

Malgré la distraction de longues promenades dans les bois de Gigny, en Bresse, à Sennecy-le-Grand, et jusqu’à la montagne de Laives, pour y visiter la vieille église qui domine le large paysage, les enfants suivirent le cours de leurs études, et Vittorio fut très utile à l’oncle Philibert, pour la mise en place du nouveau modèle de pressoir qu’il établissait. Malheureusement il ne pouvait fonctionner à Gigny que dans de petites proportions. Cette vaste plaine n’est guère propre à la vigne, et l’on y cultive surtout les céréales. Néanmoins, Philibert Chardet ne quitta point Gigny pour retourner à Uchizy, où l’appelait l’époque des vendanges, sans expérimenter sa nouvelle invention sur le petit coin de vigne qui était enclos dans ses champs de blé et ses prairies. L’épreuve fut si satisfaisante, qu’il brûla ses vaisseaux, c’est-à-dire s’exposa à mécontenter son père en démontant pièce à pièce son nouveau pressoir, et en le faisant partir pour Uchizy à petites journées.

C’était un coup d’État à tenter que de vouloir installer cette machine dans les dépendances des Ravières, car, malgré le bon accueil que Claude Chardet fit à sa famille, il s’inquiéta vite de voir son fils prendre des mesures dans les celliers,