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— Ah ! j’en ai du chagrin, je n’avais point pensé à cela. J’y retournais parce qu’ils me recevaient toujours bien… En outre, c’était le seul moyen de voir Vittorio, puisque, le reste du temps, il est à son atelier et moi en classe.

— Voyons ! il faut en finir, dit le maître des Ravières à l’oncle Philibert et à tante Catherine, lorsque les deux enfants eurent quitté la salle à manger. C’est de la vraie amitié qu’a notre Paul pour ce garçon. Tout ce qu’on me dit de Vittorio est à sa louange. Je m’en vas moi-même aux Effossés pour lui commander de venir chez nous. S’il n’est pas sensible à cette démarche d’un homme d’âge, ce n’est pas de la fierté qu’il a, mais de l’orgueil, et alors je l’abandonnerai à son sort. Crois-tu qu’il viendra, Catherine ?

— J’en suis persuadée, répondit sa belle-fille, et je vous remercie de cette bonne pensée.

— C’est que, voyez-vous, mes enfants, j’ai bien réfléchi depuis quelques jours, et il ne faut pas trop me savoir gré de cette idée ; il y a un brin d’égoïsme dedans. L’automne s’approche, le docteur Thonnins va vouloir reprendre Paul et Alice. Le domaine, qui est si gai, depuis que cette jeunesse y court, y rit, y saute de tous côtés, va redevenir bien triste quand ils seront partis ; si nous y gardons Vittorio, nous ne nous y trouverons plus tout seuls entre nous, tous trop sérieux pour nous amuser les uns les autres des moindres choses. Puis, l’idée que leur ami est ici poussera Paul et Alice à y revenir.

— Non, mon père, dit Philibert, ne cherchez pas des raisons égoïstes de cette bonne résolution ; vous ne nous dites pas votre vrai motif, qui est de mener à bien l’œuvre qu’avait entreprise le brave Sauviac.

— Eh ! certes, il y a de cela aussi dans mon projet, répliqua le maître des Ravières. Je ne veux pas qu’il puisse être