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celer les gens, il n’avait cependant pas la bonhomie de ne pas leur rappeler leurs dettes. Il salua donc Jean Lizet de ces mots :

« Ah ! ah ! Jean Lizet, je lisais ton nom sur ma liste de locataires… Est-ce que tu viens m’apporter un acompte sur ce que tu me dois ?

— Je le voudrais bien, maître Chardet ; mais entre souhaiter et pouvoir, il y a loin, répondit le sabotier qui s’embrouilla dans une série d’explications confuses, jeté hors de son sujet par cette question embarrassante.

— Allons ! tu as quelque chose à me demander alors ! dit le maître des Ravières. Ce n’est pas la peine pour ça de prendre cet air à porter le diable en terre. Je ne suis pas si méchant que j’en ai l’air. De quoi as-tu besoin ? Je t’estime, je sais que tu ne perds pas ton temps à niaiser, à courir les cafés ; si tu es dans la gêne il n’y a pas de ta faute. Que te faut-il ? Est-ce de l’argent ? Je t’en prêterai tout de même. Tu as bon courage, et me le rendras à la longue.

— Bien grand merci, maître Chardet, répondit le sabotier tout réconforté par cette offre. Il ne s’agit que de votre agrément pour garder chez moi le fils du rebouteur. »

Et, sans remarquer que Claude Chardet avait bondi sur sa chaise à ce nom, et que maître Philibert avait laissé tomber ses mains un gros registre, Jean Lizet raconta sa rencontre de la veille ; il dit ensuite comment il avait cru peu délicat de garder chez lui cet enfant, sans en demander la permission aux gens qui l’avaient hébergé tout d’abord.

« À quoi bon demander une permission pour bien faire ? dit maître Philibert. N’êtes-vous pas, Jean Lizet, libre dans votre maison ?

— Tais-toi, Philibert ! » s’écria Claude Chardet d’un air transporté.