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CHAPITRE XVI

LA POLITIQUE DE LA SABOTIERE. INJURES ET FAVEURS SIMULTANÉES. SOUVENIRS D’ENFANCE.


Jean le sabotier ne perdit rien pour attendre le sermon tant redouté ; il fut cependant autre qu’il ne l’avait imaginé. La Reine Lizet aimait trop son fils aîné pour reprocher à son mari d’avoir recueilli l’orphelin de Sauviac. D’ailleurs, il fut facile de voir, le soir même, que Vittorio ne prétendait pas être nourri à rien faire. Sans être commandé, il aida aux soins du ménage, donna la pâture à la chèvre, amusa les tout petits enfants, et se planta ensuite tout rêveur devant les outils du sabotier, en garçon désireux d’être au lendemain pour commencer à s’en servir.

Mais, dès que le sabotier et sa femme furent seuls, la Reine Lizet fit à son mari quelques questions sur l’aventure de Vittorio, afin d’être édifiée touchant la situation de l’enfant ; puis elle dit :

Écoute, Jean, je ne te blâme pas de ton large cœur ; mais il ne fait pas bon avoir l’air de braver les riches. On s’en repent tôt ou tard. Bien que ce garçon ne t’ait pas dit qu’on l’a renvoyé des Ravières, si on y avait fait bon visage à son