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bonnes dispositions à votre égard ? Ne serait-ce pas mal agir que de le laisser ainsi sans savoir si nous sommes disposés à… »

Vittorio n’en voulut pas entendre davantage. Il ne comprit point que le maître des Ravières faisait un dernier appel à la conscience de la veuve Sauviac ; il ne vit qu’une chose, c’est qu’on se rejetait la responsabilité de prendre soin de lui, c’est qu’on trouvait sa tutelle lourde des deux côtés. Pour la première fois, il se sentit seul au monde, seul avec les instructions de Jacques Sauviac, qui lui avait appris la dignité ; il résolut tout à coup de n’être à charge à personne et de mettre fin à ce cruel débat.

Par malheur, l’oncle Philibert ne remarqua pas que Vittorio se glissait hors de la salle à manger, et il se décidait tout à coup à finir la discussion au risque de blesser son père en déclarant qu’il se chargeait de l’orphelin, lorsque Claude Chardet continua ainsi :

« C’est donc entendu, madame Sauviac, vous êtes, sauf votre respect, vive et têtue comme une Bourbonnaise, et vous ne voulez pas de Vittorio. Je crois que c’est tant pis pour vous et tant mieux pour les Chardet. Nous le gardons, votre fils, et bien volontiers. N’est-ce pas, Philibert ?

— Merci, mon père, répondit celui-ci, tout heureux de se voir deviné.

— Seulement, continua le maître des Ravières, il vous faudra rester un peu ici, vu que je ne suis pas ferré sur le code quant à ce qui regarde les enfants recueillis, adoptés, et, lorsqu’on fait les choses, encore faut-il que ce soit en règle. Vous n’aurez que peu de patience à prendre ; mon fils et moi nous allons nous rendre tout de suite à Tournus pour consulter mon notaire à ce sujet. À mon retour, vous mettrez les indications nécessaires sur la minute de l’acte que nous