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« Je ne pense pas, lui dit-il, que Vittorio préfère des étrangers à la famille dans laquelle on a pris soin de son enfance. C’est à toi de parler, Vittorio. »

Le jeune garçon avait observé le visage soucieux du maître des Ravières, qui avait quelque temps pesé sa réponse. Par un mouvement simultané, l’oncle Philibert et tante Catherine avaient mis la main sur son épaule, comme pour prendre possession de l’enfant qu’ils chérissaient déjà. Il fallut donc une grande vertu à Vittorio, ou plutôt il fallut que les enseignements de Sauviac eussent été évoqués par pour qu’il eût le courage de répondre :

« Mon devoir est de partir avec ma mère.

— Adieu donc, mon cher enfant, » lui dit tante Catherine, qui s’esquiva pour cacher son chagrin, et aussi pour aller préparer le paquet de Vittorio, qu’elle avait grossi d’un joli présent de linge et d’habits.

Mais à peine fut-elle partie que la Bourbonnaise, mise en possession de tout ce que son mari avait laissé aux Ravières, prétendit atteler tout de suite Asicot et s’en retourner sans faire un plus long séjour.

« J’ai laissé mes filles seules au logis, dit-elle ; l’aînée est fort raisonnable, mais la plus jeune n’a que huit ans, et il me tarde de les retrouver. Ce voyage en voiture sera plus long que l’aller, bien que j’aie mis longtemps à venir, car j’ai fait la route moitié à pied et moitié en chemin de fer.

— Mais Vittorio n’a pas dit adieu à ses petits amis, dit l’oncle Philibert.

— Vittorio ! s’écria la veuve ; n’est-il pas convenu qu’il reste avec vous ?

— Comment donc ? s’écria vivement le maître des Ravières. N’êtes-vous donc pas touchée de la situation de cet enfant que vous vouliez l’abandonner ainsi, malgré ses