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« Ce n’est à titre de parents, dit-il à Claude Chardet ; mais ce brave homme est mort pour mon Jean-Louis, et je lui suis redevable. Jean-Louis doit l’honorer et le pleurer comme son propre père. Il voit maintenant ce que coûte une sottise… La vie d’un père de famille. Vois, Jean-Louis, et tâche de t’en souvenir. J’ai conservé mon fils, et, à cause de pas toi, ce garçon-là est orphelin. »

Jean-Louis, qui suffoquait, alla se jeter dans les bras de Vittorio en lui criant : « Pardon ! » Puis, les deux enfants, se prenant par la main, marchèrent en avant de la longue file de l’assistance, qui se déroulait en deux rangs, portant des cierges allumés. Alice et Paul, conduits par tante Catherine qui pleurait à chaudes larmes, marchaient derrière comme étant de la famille.

On a conservé à Uchizy l’ancien usage de porter le cercueil à bras ; ce sont les parents, les amis auxquels revient ce triste devoir. La belle action de Sauviac lui avait fait des admirateurs de ceux mêmes qui l’avaient à peine entrevu ; aussi, à chaque station du convoi, les porteurs se présentaient en nombre double de ceux qui étaient exigés.

La moitié de la population avait abandonné, ce jour-là, ses travaux champêtres, afin de suivre à sa dernière demeure l’étranger qui s’était dévoué pour deux enfants du pays. S’il est une vertu qu’on ne puisse dénier aux Chizerots, c’est la spontanéité des mouvements généreux du cœur.

Chacun y sent vivement une belle action. Chacun y blâme avec énergie un manque de sensibilité ; aussi personne ne se paya de l’excuse donnée par les proches de Joseph Courot de son absence au convoi. Ils disaient Pétrus trop malade, et son père trop inquiet de lui pour assister à cette cérémonie.

« Jean le sabotier y est bien, murmurait-on de porte en porte. Le petit Jean-Louis aussi, lui dont les jambes fla-