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On prit des ménagements pour apprendre cette mort à Paul et à Alice ; ils en furent consternés, car ils chérissaient Jacques Sauviac.

« Pauvre Vittorio ! dit Paul le premier. Le voilà orphelin comme nous.

— Plus que nous, s’écria Alice en se jetant dans les bras de l’oncle Philibert. Nous avons deux papas ici et une maman qui m’embrasse deux fois pour une en me disant que la première est de la part de ma mère qui est au ciel. Le pauvre Vittorio est tout seul, lui !… Allons lui dire… allons pleurer avec lui. »

Mais tante Catherine, qui veillait au chevet de l’orphelin, ne leur permit pas de le voir ; il ne les aurait peut-être pas reconnus, tant son désespoir était violent. L’oncle Philibert pensa même que Vittorio n’avait pas conscience de ce qu’il répondait aux quelques questions qu’on était obligé de lui adresser.

« Je crois, vint-il dire à son père qui l’attendait au logis vieux, que le pauvre enfant n’est pas en état de nous donner les renseignements dont nous avons besoin pour avertir sa famille. Quand je lui ai demandé l’adresse de sa mère il m’a répondu : « Elle n’est pas ma mère, lui n’était pas mon père, et je suis son fils désespéré. » Et il s’est mis à crier en appelant ce pauvre Sauviac. Ce coup a été trop cruel pour la sensibilité de Vittorio. Nous ne pourrons rien savoir de lui que cet accès de fièvre ne soit calmé. Il nous faut chercher dans les papiers de ce pauvre homme. »

Les maîtres des Ravières n’eurent pas à pousser bien loin leurs investigations ; le portefeuille de Jacques Sauviac était rangé sur la table de sa chambre avec quelques menus objets. Ayant vu son adresse de Mozat près de Riom, ils consultèrent la carte des chemins de fer, afin de savoir quel temps était nécessaire à ce voyage. Philibert Chardet ne voulait