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herbes, et de quoi sont faits les cailloux, le sable, le feu, l’eau, enfin tout ce qu’on voit entre terre et ciel. Rien que de penser à ce que l’on peut apprendre, la cervelle m’en saute dans la tête. Que c’est donc beau de n’ignorer rien !… Eh bien, mon Torio ? »

Le jeune garçon répondit en souriant :

« Paul en sait plus que moi sur ce chapitre ; mais je crois que c’est la libellule qu’on nomme vulgairement la Françoise. Est-ce bien elle, Paul ?

— Non, répliqua celui-ci, c’est l’Éléonore. La Françoise a des ailes jaunâtres bordées de brun, et les ailes de celle-ci sont transparentes. De plus elle n’a pas de poils gris à son corselet, ni de taches vertes à la tête comme la Françoise.

— Voilà que nos petits savants vont se quereller, dit en riant Mme Chardet. J’ai entendu dire à mon mari que c’est un peu l’habitude des grands de discuter entre eux sur chaque question.

— Je ne la prendrai pas cette fois ; c’est moi qui ai tort, reprit Vittorio. »

Comme, pendant cette conversation, Jacques Sauviac avait tout mis en ordre, la petite troupe se dirigea vers la maison du passeur, devant laquelle le père Billot devait amener le char à bancs pour le retour à Uchizy.

Soit qu’on eût vite expédié le bain, soit que le père Billot manquât d’exactitude, l’équipage n’était pas encore arrivé à son poste. En l’attendant, Mme Chardet entra chez le passeur et demanda à lui acheter du poisson, car, outre les profits du passage entre le territoire chizerot et la rive bressane, celui-ci possédait le droit de pêche, qui constituait même le plus clair de son revenu.

Alice dut rester avec sa tante chez le passeur à recevoir les compliments obséquieux de sa vieille mère, pendant que