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sache plus que toi, une fois par hasard. Cet insecte est une volucelle ; vois ses antennes en plumet, la tache noire sur ses ailes à nervures, et les poils de sa tête, qui paraissent dorés quand on les regarde dans ce sens-ci.

— Ce n’est qu’une grosse vilaine mouche, dit Alice d’un air peu ragoûté. Nous l’aurons apportée d’Uchizy. Comme c’est agréable de penser que nous avons mangé ses restes !

— Oh ! Alice, s’écria Paul, pour la nièce d’un naturaliste, tu as bien des préjugés. N’aie pas tant de dégoût de cette jolie bête. La volucelle vit sur les fleurs qui poussent près des rivages ; elle vit de leur suc, rien n’est plus propre. N’aimes-tu pas le miel, toi ?… En faisant son tour de promenade, elle aura vu le panier plein et elle aura voulu en faire l’inspection. Il n’y a pas de crime à cela. »

Cette apologie de la volucelle ne réconcilia pas Alice avec l’insecte indiscret.

« J’aime bien mieux, dit-elle, cette jolie demoiselle que tu as prise avec elle. Comme elle se met dans un coin, de peur que ta mouche barbue ne la touche ! Fais donc envoler ta volucelle et donne-moi l’autre pour que je regarde ses jolies ailes, veux-tu ?

— Si j’ouvre la boite, toutes deux prendront leur volée. » répondit Paul.

Mme Chardet et Jacques Sauviac écoutaient en souriant ces petits débats, et l’étameur, qui était fier de voir que son fils apprenait chaque jour de nouvelles choses, lui demanda s’il pourrait cette fois savoir le vrai nom du second insecte que Paul avait pris. Sans attendre la réponse de Vittorio, il dit à tante Catherine :

« Est-il possible, Madame, qu’on se soit amusé comme qui dirait à baptiser les moindres bestioles ! Il parait aussi que messieurs les savants savent à quoi servent les moindres