Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

cœur si j’acceptais cela. Mais je te promets que je me souviendrai de vous tous. Je t’écrirai, Paul, je te l’assure, et, quand je serai grand, je viendrai vous voir.

— Si tu ne nous as pas oubliés, dit Paul.

— Comment veux-tu que je vous oublie ? Alice a été pour moi aussi bonne, aussi affectueuse que mes cinq sœurs de Mozat ; toi, tu m’as traité en frère, et j’aurai toujours le cœur d’un frère pour toi. Je suis si sûr du tien que, lorsque nous serons grands, moi qui sans doute serai pauvre, obligé de gagner ma vie, je suis persuadé que toi, qui seras riche, tu n’auras pas changé à mon égard ; tu me traiteras comme aujourd’hui. Quant à ton oncle Philibert, il m’a ouvert les yeux sur des choses au milieu desquelles je vivais sans les comprendre. Maintenant, j’aimerai la campagne une fois de plus, parce que je sais que, dans ses moindres coins, on trouve une quantité de plantes et d’êtres intéressants à étudier. Je ne m’en étais jamais avisé. Comme tu me le reprochais très bien, j’avais toujours le nez dans les livres, et je n’aurais pas appris à lire dans ce grand beau livre que ton oncle nomme si justement le livre du bon Dieu. Tu vois donc que j’emporterai d’Uchizy des trésors de souvenirs pour mon cœur, des trésors pour mon intelligence, et tu crains que je vous oublie !…

— Ah ! tu sais parler, tu sais raisonner, toi ! dit Paul en serrant la main de son ami. Mais moi, quel autre camarade supporterai-je après t’avoir perdu ? »