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pied. Il ne s’agit pas de ce que j’aimerais à faire quand je serai grand. Tu sais que ton père veut partir quatre jours après la Saint-Pierre et tu envies devant nous les ailes de ces oiseaux. Est-ce que tu trouves qu’il te reste trop de temps à demeurer avec nous ? »

Vittorio regarda son ami avec des yeux où tremblait l’humidité d’une larme.

« Je serais donc bien ingrat ! murmura-t-il.

— Alors, si tu nous aimes, si tu regrettes de nous quitter, demande à ton père de te laisser à Uchizy. Si j’en parle à l’oncle Philibert, il y consentira volontiers, va ! Il sait bien que je travaille mieux depuis que tu es là, et je crois, oui, je crois que je ne ferai plus rien de bon quand je n’aurai plus à penser qu’il faut que je travaille aussi bien que toi pour contenter mon oncle. Ton père ne refusera pas, j’en suis sûr. Tu apprendras plus vite et mieux avec nous qu’en courant les chemins. Voyons, dis, veux-tu ? Je vais voir si tu nous aimes.

— Sois-en sûr tout de suite, malgré mon refus, dit Vittorio en posant sa main sur l’épaule de son ami ; et ne dis rien à mon père, je t’en prie, il serait capable de se sacrifier pour moi… Pourtant non, il a de la fierté, et ne voudrait pas me laisser à la charge d’un étranger.

— Nous ne sommes pas des étrangers, Vittorio ! s’écria Alice que son frère alla embrasser pour cette réplique.

Et puis, continua le jeune garçon, je mènerais donc avec vous une vie de riche, pendant que mon père s’en irait tout seul de ville en ville, par le gros soleil, par le vent, par la pluie, couchant ce soir dans une grange, demain dans sa charrette, et, aux bons jours, dans quelque mauvais lit d’auberge. Il aurait à faire seul toute sa besogne, et il serait triste de me savoir si loin de lui… Non, je n’aurais pas de