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de sa gaine de bandages ; il ne fallait plus qu’éviter de le fatiguer outre mesure.

C’étaient là les derniers plaisirs que les enfants des Ravières devaient prendre en commun avec leur cher Vittorio ; Jacques Sauviac parlait de partir aussitôt après la Saint-Pierre, la fête patronale, et, à cette époque, l’oncle Philibert devait emmener tante Catherine et les enfants dans sa propriété de Gigny, où il passait toujours une quinzaine après les moissons. Il était même content, cette année-là, de pouvoir distraire, en les dépaysant, Paul et Alice du chagrin qu’allait leur causer le départ de leur jeune ami. Lui-même il sentait qu’il était temps que cette intimité cessât, car il s’attachait de jour en jour à Vittorio au point d’avoir le cœur serré en songeant qu’il perdait un élève si intelligent, et ses neveux un camarade d’un si droit et si heureux caractère.

Tante Catherine, qui s’entendait mieux que personne à l’aménagement de ces petites parties de plaisir, les avait rendues fort agréables. On emportait des provisions dans le char à bancs ; une fois arrivés sur la rive, à droite de la maison du passeur, là où se trouve ce qu’on peut appeler la plage d’Uchizy, on montait une tente de coutil jetée sur quatre piquets fichés dans le sable. C’était le cabinet de toilette de Mme Chardet et d’Alice. L’oncle Philibert, remplacé quelquefois par Jacques Sauviac, était le chef de l’expédition ; c’était lui qui prenait Alice dans ses bras et qui la trempait dans la Saône, malgré ses petits cris, plutôt de surprise que de froid ; la rivière, en effet, est plus que tiède en cette saison.

Un jour, Alice eut la fantaisie d’aller à la Saône dans sa petite voiture. Tante Catherine se prêta à ce désir en commandant au père Billot d’amener le char à bancs près de la maison du passeur vers le coucher du soleil. On partit donc à pied, Jacques Sauviac portant le panier de provisions et les