Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/143

Cette page n’a pas encore été corrigée

dèles que celui-ci fabriquait en bois d’abord, afin de mieux se rendre compte de ses idées que sur un dessin. Il fut donc introduit dans cette chambre du logis neuf où l’oncle Philibert serrait ses outils et qui n’était qu’une succursale de son établissement de Gigny. Là, maître Philibert était chez lui, tout à fait libéré des observations dénigrantes de son père, encouragé par l’affection de sa femme. Celle-ci, sans doute, ne saisissait pas toujours la portée des travaux de son mari ; mais elle le tenait pour l’homme le plus droit, le plus éclairé, le meilleur, et elle le dédommageait de n’être pas compris de son entourage en le chérissant avec une sorte de respect pour sa supériorité.

Paul perdit quelques heures de jeu à cette nouvelle occupation de son ami ; il les employa à distraire sa sœur, qui se rétablit assez vite. Ses promenades au jardin dans la petite voiture construite par Vittorio rendirent à ses joues, pâlies par la réclusion, leur teinte rosée d’autrefois. Aussi, peu à peu, se hasarda-t-on hors de l’enclos. Le dernier dimanche de juillet, elle alla entendre la messe à la vieille église d’Uchizy, dont le clocher roman s’élève au milieu du village sur la place de l’ancien château, et ce fut elle qui déposa au pied de l’autel de la Vierge la gerbe qu’on offre à chaque moisson.

Cette coutume de faire bénir les prémices de chaque récolte est fidèlement suivie à Uchizy ; avant les vendanges notamment, les marches de l’autel sont garnies de corbeilles pleines de raisins noirs, bleutés par la fleur, et de raisins blancs qui, près des muscats roses, ressemblent à des grappes d’opales mélangées à des grappes de clairs rubis.

Ces sorties firent tant de bien à la convalescente que tante Catherine songea à se faire accompagner par elle jusqu’à la Saône deux fois par semaine. C’est une tradition, à Uchizy, que les bains froids dans la rivière sont particulièrement