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y louer leurs services, le jour où ces machines-là travailleraient toutes seules. »

Philibert Chardet aurait eu beaucoup à répondre ; il s’abstenait, par respect pour la conviction de son père, qui, trop enracinée, ne pouvait être ébranlée par les meilleures objections. Il se bornait donc à cultiver à sa façon le bien qu’il possédait du chef de sa femme et qui était situé à Gigny, entre Tournus et Chalon-sur-Saône. C’est là qu’il usait de sa laboureuse mécanique, là qu’il allait essayer, aux vendanges prochaines, un pressoir de son invention dont il voulait montrer à Vittorio le modèle en petit.

Selon ses prévisions, Paul s’ennuya bientôt d’entendre son oncle démontrer à son jeune ami le mécanisme du pressoir. Quant à Vittorio, il prit un tel intérêt à cet exposé, il comprit si vite l’agencement de cet outil, que Philibert Chardet, oubliant qu’il parlait à un enfant, lui montra tous les dessins des machines qu’il rêvait, éclairé parfois dans ses doutes par les objections que lui posait Vittorio, qui, en effet, avait l’intuition des choses de mécanisme, à défaut de la science qui s’acquiert lentement.

« Cet enfant vous comprend donc, mon cher Philibert, tandis que, moi, je ne sais voir que vos bonnes intentions épargner la peine des pauvres gens de campagne ? dit tante Catherine qui assistait à cet entretien.

— Non, Madame, je ne comprends pas tout, dit Vittorio ; je vois seulement comme vous que, si on pouvait faire plus vite tous ces travaux, il resterait plus de temps aux campagnards pour s’instruire et être, par conséquent, plus heureux. »

Et, comme l’esprit du jeune garçon ne pouvait rester longtemps fixé sur ces considérations générales, Vittorio dit à maître Philibert qu’il se mettait sous ses ordres pour menuiser, raboter et confectionner les pièces des divers mo-