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aussi de la peine que j’avais faite à ma mère, qui n’a voulu me pardonner que huit jours après… Et voilà comment, monsieur Chardet, je sais faire marcher la petite bête des pendules. Une sottise sert, oui, vraiment, quand on a pu la réparer.

— Il parle comme un livre, ce garçon, dit Claude Chardet.

— C’est-à-dire que c’est mon père qui pense comme vous dites et qui m’apprend à voir les choses juste, répondit Vittorio. C’est lui qui m’a prouvé que le mal même qu’on fait peut servir quand on sait raisonner dessus. Dix fois par jour, il me répète ce que je n’oublierai jamais : « Mon Torio, « chacun se fait sa destinée ! »

— Et la tienne sera-t-elle d’être horloger, puisque tu t’entends déjà si bien à faire parler les muets ? lui demanda Claude Chardet en écoutant le tic-tac régulier qui faisait une basse grêle à cet entretien.

— Je ne sais pas, monsieur, répondit le jeune garçon, mais tout ce qui est mécanisme m’intéresse.

— Ah ! vraiment ! s’écria l’oncle Philibert. En ce cas, mon enfant, j’ai quelque chose à te montrer.

— Et à moi aussi ? demanda Paul avec empressement.

— Viens, mais j’ai bien peur que cela t’ennuie. »

Le vieux maître des Ravières ne les suivit point. Il se douta bien que l’oncle Philibert allait initier les deux enfants à quelqu’une de ces recherches qu’il appelait des manies, et il resta planté debout devant son horloge réparée, se disant que ce jeune garçon étranger était un être extraordinaire de connaître des choses dont lui, à son âge, avec son expérience, n’avait pas la moindre idée.