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le mécanisme était en place, les poids équilibrés, l’horloge montée et la grosse sonnerie égayait de son timbre le silence de la salle basse.

« Pourvu qu’elle continue à marcher ? disait Claude Chardet entre ses dents.

— Mais elle va, elle ira très bien, répliquait Paul émerveillé. Est-ce que Vittorio ne sait pas tout faire ?

— C’est vrai qu’il est très malin, ce garçon, reprit le maître des Ravières, et qu’il m’a épargné là tout ce que j’aurais dû donner à l’horloger de Tournus. Comment cela t’est-il donc venu, mon petit, de savoir rafistoler les pendules ?

— Eh ! comme tout vient, je crois, répondit gaiement Vittorio, en regardant faire et en raisonnant. Celle-ci n’était qu’un peu sale ; les rouages étaient gênés par la poussière, ce n’était pas difficile à arranger. D’ailleurs, je suis bien payé pour savoir comment est faite ce que les enfants appellent « la petite bête » qui remue dans les pendules ; mais c’est une histoire, cela.

— Dis-la-moi donc, » lui demanda Paul. Vittorio hésitait, craignant d’ennuyer les maîtres des Ravières ; mais ils n’étaient pas moins curieux que Paul, et le jeune garçon dut leur conter d’où lui venait une si précoce science.

Quand je suis à Mozat, dit-il, je n’ai point grand’chose à faire, à part les leçons que me donnent M. le curé et M. Lebois, le percepteur ; alors j’aide ma mère et mes sœurs, et, quand elles n’ont pas besoin de moi, je m’amuse à fabriquer de mes mains n’importe quoi, et à chercher comment sont faites toutes sortes de choses. Je suis curieux, voyez-vous, c’est de naissance. Ce n’est pas ce qu’on dit de côté et d’autre qui m’intéresse, c’est la manière dont on s’y prend pour ceci, pour cela, dans toutes les fabrications. Cette curiosité m’a servi à apprendre souvent ; mais elle m’a fait commettre des