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« Qu’est-ce que vous faites là ? leur cria Claude Chardet de sa voix la plus grosse. C’est un de tes coups, Paul ! Tu mériterais… Mais toi, Vittorio, comment t’es-tu laissé entraîner à si mal faire par ce gamin ? Mon horloge ! une horloge qui est dans la maison depuis… qui sait depuis quand ? La voilà en miettes. Les enfants d’à présent ne respectent rien. On m’aurait bien coupé les doigts, à moi, plutôt que de me faire toucher à cette machine si compliquée, quand j’avais votre âge. Maintenant encore, je n’oserais pas la tourner et l’ouvrir. Est-ce qu’on peut faire autre chose que d’abimer ces machines quand on ne sait pas comment elles sont fabriquées ? Ah ! voilà de l’ouvrage de singe, oui, Vittorio, je ne vous félicite pas. »

Comme l’oncle Philibert, attiré par le bruit, entrait à ce moment dans la salle basse, il vit le tableau qu’y formaient le vieux maître des Ravières courroucé, Paul interdit et Vittorio hésitant qui tenait encore à la main les chaines des poids de l’horloge, dont il était occupé à démêler l’entortillement.

Il prit son père à part et lui persuada, mais avec peine, de laisser Vittorio se débrouiller de l’œuvre dont il s’était chargé.

« Il ne peut abîmer l’horloge plus qu’elle ne l’était avant, lui dit-il, et je ne puis croire qu’un garçon aussi intelligent aurait entrepris une telle tâche sans avoir les connaissances nécessaires qu’elle suppose. D’ailleurs, si elle ne réussit pas, sa tentative nous obligera à porter tout de suite ce mécanisme à l’horloger de Tournus ; ainsi on y aura gagné de savoir l’heure au vieux logis. »

Claude Chardet ne se rendit qu’à la considération du mal déjà fait et qui ne pouvait guère devenir pire ; il s’assit sur un escabeau pendant que Vittorio redressait les chaines afin d’établir la régularité des poids, nettoyait les rouages et les huilait au moyen d’une plume. Au bout d’une heure et demie,