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LE NID

Le tronc d’un haut pommier tient, suspendus en grappe,
Quatre bambins joyeux, dont le chef a douze ans
Et le plus jeune cinq. Des rires éclatants
Célèbrent de l’assaut chaque nouvelle étape.

Tendu sur un rameau, le plus vieux des enfants
Se rapproche du nid, de ses deux mains le happe,
Et le chardonneret, dont sa poursuite frappe
Le doux espoir, volète avec des cris perçants.

Un cri plus indigné retentit près de l’arbre :
« Quoi ! ne sentez-vous pas, méchants au cœur de marbre,
Si vous m’étiez ravis que mon cœur saignerait !… »

Alors le tout petit, se joignant à sa mère,
Dit de sa douce voix : « Laisse-les, mon bon frère,
Laisse-les dans le nid, leur maman pleurerait !… »

« Qu’en dis-tu ? demanda la petite fille à son frère. Ce n’est pas là une fable ; il me semble qu’on peut en tirer tout de même une moralité. »

Paul embrassa successivement sa sœur et son ami.

« La moralité, dit-il, c’est que j’ai eu tort de vouloir désoler une famille et aussi d’être brutal avec Vittorio. Mais où est le fabuliste ? Est-ce toi, Torio ? Puisque tu veux savoir tout faire, pourquoi pas ?

— Oh ! non, je n’ai pas du tout ce talent, et je ne chercherai pas à l’avoir. Un étameur ne doit vivre qu’en prose.

— Qui donc est-ce ? car ces vers ont été composés pour la circonstance. »

Alice mit un doigt sur ses lèvres en désignant du regard l’oncle Philibert :

« Voici tout ce que je puis vous apprendre, dit-elle, tout ce qu’on m’a permis de vous faire savoir ; ces vers sont de l’ouvrage fait sur commande par un ouvrier qui n’en fait pas son métier, et qui ne veut pas qu’on le nomme. »