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L’oncle Philibert était à ce moment-là au chevet de sa nièce, et il tenta de dissuader Paul de son projet cruel envers les chantres aimables du potager. Alice fut très frappée de ce que son oncle conta du chagrin des pauvres oiseaux privés de leur progéniture, de la peine que leur coûte l’édification d’un nid, de leur ingéniosité à le construire, des vertus de famille qu’ils déploient, et de l’intrépidité avec laquelle quelques mères défendent leurs petits lorsqu’on tente de les leur enlever.

Elle attira l’oncle Philibert près de son lit, le prit par le cou pour le rapprocher d’elle, et là, de bouche à oreille, elle lui dit un tout petit secret dont Paul ne comprit l’intention que le lendemain au soir.

Après le dîner, on se réunissait dans la chambre de la petite malade, qui ne souffrait plus, mais que la prudence condamnait encore pour quinze jours à la position horizontale.

Le lendemain soir, elle était de très belle humeur ; Vittorio lui avait fait une surprise : avec des morceaux de bois, de l’osier, quelques clous et un peu de cuir, il lui avait fabriqué une voiture qu’il avait montée sur les roues d’une brouette mise au rebut. En la garnissant de coussins, il était possible d’y étendre Alice de tout son long et de la promener dans le jardin.

« De cette façon je pourrai retourner en classe, dit Alice, mais il ne faut pas croire, grand-père, que je n’aie rien fait depuis que je suis au lit. Il m’était impossible d’écrire ; malgré cela l’oncle Philibert m’a donné des leçons, et ce matin encore, j’ai appris une pièce de vers qu’il faut que je vous récite. Paul, écoute-la donc. »

Et la petite fille, semblant s’adresser particulièrement à son frère, commença ainsi, d’un ton un peu malicieux :