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— Quant à l’ouvrage, dit Claude Chardet, vous avez mal choisi votre moment, mon homme, pour venir à Uchizy. On n’a que la moisson en tête. C’est dans seulement quinze jours, aux approches de la Saint-Pierre, notre fête patronale, qui tombe le premier dimanche d’août, que toutes les ménagères auront souci de leur batterie de cuisine et courront après vous, tandis qu’elles ont fait la sourde oreille aujourd’hui aux offres de votre garçon. Donc il faut rester avec nous au moins jusqu’à ce temps-là. Le docteur a bien dit que vous étiez utile à ma petite Alice. Mais, comme je ne veux pas que vous en soyez du vôtre, vous allez me dire ce que vous gagnez, une semaine portant l’autre, afin que je vous en tienne compte à votre départ, ou tous les dimanches, à votre choix.

— Pour cela, non ! s’écria l’étameur. On dit que vous tenez à vos idées, monsieur Chardet ; mais vous vous rendrez à la mienne, car je n’en démordrai point. Ce serait donc la première fois que je me laisserais nourrir à rien faire. Là, là, ne vous fâchez pas, il y a moyen de tout arranger. J’en ai bonne envie ; voici mon fils qui fait déjà la moue à l’idée de quitter les Ravières. Il s’est pris d’amitié pour vos enfants, et il a vu, paraît-il, chez vous, des livres, de la musique et d’autres choses encore qui lui ont tourné la tête. Donc, je resterai. Le pays est bon, les gens affables, la cuisine excellente, et le logis autrement beau que mon taudis de Mozat ; même je me laisserai payer mes journées par vous, à la seule condition que vous m’occuperez. Ce ne sera point la première fois que, ne trouvant rien à étamer, j’aurai aidé aux travaux des champs. Essayez-moi, je n’y suis pas maladroit ; deux bras de plus ne seront pas de trop, et, puisque vous louez des gens étrangers à la commune, je ne ferai de tort à personne dans le