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vre vagabond d’étameur, il ne faut pas me croire un sot. Les Sauviac des temps passés, moi et les autres rebouteurs, nous avons été utiles dans un temps où il n’y avait guère de médecins dans les campagnes ; mais le monde s’instruit à la longue, et peu à peu il arrive dans les villages des docteurs ayant patente pour guérir les infirmités. Et puis… Va-t’en donc, Vittorio, je vois que tu as fini de déjeuner, et le jeune M. Paul a envie de jouer avec toi.

— Oui, Vittorio, viens avec moi ; tu amuseras Alice en lui chantant des chansons comme ce matin. »

Les deux enfants sortirent, et Jacques Sauviac poursuivit ainsi son explication :

« Et puis, monsieur, mon Torio est trop instruit pour être mon élève. J’ai essayé de faire avec lui comme mon père a fait avec moi, et ce diable d’enfant m’a embarrassé par des pourquoi et des comment qui me faisaient quinaud à tout coup. Ensuite il n’a pas l’idée au reboutage.

— À quoi l’a-t-il donc ? demanda Philibert Chardet.

— À tout, monsieur, à tout ce qui peut s’apprendre ! s’écria l’étameur.

— Mais enfin ce n’est pas tout seul qu’il s’est appris ce qu’il sait ?

— Sans doute non, monsieur. Pendant la belle saison, nous courons la France avec notre charrette et notre Asicot. Torio m’aide à l’étamage, puis il fait des paniers qu’il vend. Quand vient l’hiver, nous retournons chez nous, dans une petite maison que j’ai au-dessus de Mozat, qui est un village tout proche de Riom. Là, je retrouve avec plaisir ma bonne femme et mes cinq filles. En notre absence, elles cultivent un petit bout de bien agrandi de temps en temps par mes gains de l’été, et en hiver elles font de la dentelle. Donc, c’est là que nous passons la mauvaise saison. À Mozat, ils