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deux maîtres du logis, il est extraordinaire ; il m’a intrigué, car que peut-on faire en cheminant sur la grande route à moins que l’on ne cause ? Aussi je complais ne pas vous quitter sans vous avoir demandé où vous aviez pris ce singulier petit page. Je l’ai cru à votre service ; il m’a laissé ignorer le précédent de reboutage, et son métier d’étameur, qui m’étonne plus que tout le reste, étant donné tout ce qu’il a su me dire d’à-propos sur tous les sujets que ma causerie a touchés. Je vous garantis que ce petit bonhomme est un caractère. Je n’avais, je vous l’avoue, aucune envie de le suivre ; je croyais à une foulure simplement, et cela pouvait attendre à demain. Mais j’ai eu beau l’envoyer au diable quand il est venu me relancer jusque dans ma chambre à coucher, il a tenu bon, et c’est à son entêtement et au plaisir que m’a causé sa langue dorée que vous devez de me voir ce soir. »

Ils entrèrent tous les trois dans la chambre d’Alice. Le docteur allait procéder à l’examen du pied malade lorsqu’on frappa deux petits coups à la porte. Philibert Chardet alla l’ouvrir et Vittorio se présenta avec timidité ; il était blême et sa voix tremblait.

« Permettez-moi, dit-il, de rester dans ce coin pour entendre ce que monsieur le docteur dira du travail de mon père ! »

Sur l’assentiment de Philibert Chardet, Vittorio se laissa tomber sur un siège. L’enfant, que la foi avait transporté jusque-là, sentait sa conviction faiblir au moment de l’épreuve. L’oncle Philibert comprit si bien cette défaillance délicate, succédant à l’exaltation de l’orgueil filial outragé, qu’il garda dans sa main la main frémissante de Vittorio pendant que le docteur levait l’appareil.

« Ah ! ah ! des herbes mâchées ! dit ironiquement le médecin.