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il m’est impossible de croire qu’un homme franc, tel que paraît ce Sauviac, et dont le fils emploie à de semblables travaux ses moments de liberté, soit capable d’un vol. Certes, la disparition de votre attelage est impossible à expliquer correctement : mais ne préjugeons rien avant demain. Ces gens-là nous ont obligés sans nous connaître ; ils ont fidèlement recueilli, soigné, ramené nos enfants. Ne fût-ce que par reconnaissance, nous devons tout supposer plutôt qu’une mauvaise action de leur part.

— Bah ! répondit Claude Chardet, tu en es toujours à ta vieille idée, que des gens qui mâchent du latin sont plus honnêtes que d’autres. Cela n’empêche… Mais tu as raison en disant qu’il n’y a rien à faire ce soir. Nous verrons demain s’il faut aller porter plainte à Tournus. »

Ils remirent donc tout en place sur la charrette et allèrent dans la chambre d’Alice qu’ils trouvèrent sommeillant, mais après s’être réveillée plusieurs fois pour demander à boire, tant la fièvre l’altérait.

Les serviteurs reçurent l’ordre de se retirer. Ni Claude Chardet ni son fils n’avaient quitté la chambre où tante Catherine veillait Alice, lorsque, vers onze heures du soir, tout Uchizy reposant depuis longtemps, on entendit, du logis neuf, le bruit d’une voiture qui montait au petit trot le chemin des Ravières.

« Les oreilles me sonnent, dit tout à coup Claude Chardet, oui c’est bien l’allure de Rouget. »

Une minute après, en effet, l’on frappa rudement au portail des Ravières. Le père et le fils sortirent ensemble pour aller ouvrir.

« C’est égal, disait Claude Chardet en traversant la cour, je t’accorde que ce ne sont pas des voleurs ; mais avoue que ce sont des gens sans gêne. S’ils aiment la promenade au clair