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un cadenas ; le même obstacle ne se rencontrant pas à une caisse de bois blanc, il y plongea la main sans façon.

« Qu’est-ce que c’est que cela ? dit-il en tirant du premier coup trois livres dont il lut les titres après avoir adapté à son nez ses grosses lunettes montées en fer : Œuvres de Corneille, Traité des logarit… je ne sais plus quoi. Est-ce que c’est du grec ou du latin ? Eh bien ! en voilà un drôle de bagage pour un étameur !

— Voyons, voyons cela, s’écria Philibert Chardet, devenu très curieux à son tour ; mais oui, traité des logarithmes, la petite brochure classique des Géorgiques en latin, et puis encore quoi ?… »

S’asseyant sur la malle, il se prit à extraire de la caisse des cahiers écrits en long et en large, pour économiser sans doute le papier en croisant les lignes ; puis beaucoup de livres de la bibliothèque à 25 centimes, et des carrés découpés dans de vieux journaux et proprement enfermés dans une chemise de carton ; enfin des dessins, paysages ou figures fort incorrects, mais traités avec verve et un certain goût naturel.

Il y avait de tout dans ce capharnaüm intellectuel, et même sur les cahiers où se suivaient des versions et des thèmes latins, des problèmes d’algèbre assez capables d’embarrasser un collégien de quatorze ans et dont la solution était juste, des vers copiés, faute probablement de posséder les volumes qui les contenaient. Tout au fond de la caisse, pour mettre le comble à son étonnement, Philibert trouva une vieille Bible, texte en vieux français, imprimée à la Haye en 1580, et qui devait être précieuse à l’étameur, car, outre la robe de velours noir élimé qui protégeait son antique reliure, elle était enveloppée avec soin dans deux vieux foulards de coton.

« Mon père, dit Philibert en remettant toute chose en place,