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voyant le maître des Ravières prêt à donner cours contre lui à sa mauvaise humeur.

Il se mit donc en devoir de se retirer. Déjà les Bressans loués pour la moisson quittaient la table afin d’aller se coucher sur les bottelées de foin dans la seconde grange ; les artisans d’Uchizy partaient également pour prendre du repos avant la seconde journée de moisson qui devait commencer dès l’aube, selon l’habitude. Mais, sitôt que le grand portail des Ravières fut fermé sur le dernier convive, la physionomie jusque-là souriante de Claude Chardet se rembrunit.

« Il faut savoir ce qui en est, dit-il à son fils. Prends une lanterne et allons voir si ces fripons d’étameurs ont déménagé leur carriole. C’est assez inutile après tout d’aller s’en assurer. Rouget vaut mieux à lui tout seul que leurs quatre nippes ; mais je ne m’endormirai pas tranquille si je ne sais le fin mot de l’affaire. »

Cette visite domiciliaire dans les pénates errants de l’étameur répugnait à l’oncle Philibert ; mais il n’y avait qu’à obéir lorsque son père avait parlé. Il se borna cependant à tenir la lanterne pendant que le maître des Ravières, monté sur la charrette, jetait à terre sans façon plusieurs douzaines de paniers et de corbeilles qui devaient être confectionnés par l’étameur ou par son fils, comme en témoignaient des bottes d’osier et de paille coloriée préparées pour la vannerie. Lançant le tout par-dessus l’ouvrage terminé, il mit à découvert, derrière le fourneau, le soufflet, les matières pour l’étamage et une malle de forme ancienne, revêtue de cuir à longues soies, qui remplissait le fond de la voiture. On ne l’avait point vidée, car elle pesa au bras de Claude Chardet, lorsqu’il la souleva. Il se fût sans doute cru le droit d’en examiner le contenu si elle n’eût été fermée par